Fiction

La double vie des épluchures

Vos pelures reviendront bientôt chez vous métamorphosées, composant vos tee-shirts ou votre vernis à ongle. Ou même votre encre pour imprimante.

Faites un saut en 2040, le temps d’une fiction.

La double vie des épluchures

Un bip léger attire votre attention dans la cuisine, et ce n’est pas celui de votre réveil que vous venez d’éteindre du bout des doigts. Évidemment, c’est le séchoir qui vous prévient que vos épluchures sont bien déshydratées. Vous souriez en voyant la petite quantité que vous récupérez comparée aux nombres de légumes épluchés hier pour votre ratatouille. Au moins vos déchets sont plus légers, plus propres, et bien plus faciles à gérer !

En quelques secondes vous les triez par couleur, c’est devenu instinctif. Les orange et rouges à droite, les verts à gauche. Question d’habitude. C’est fou en y repensant comme de simples déchets alimentaires ont pris autant de valeur en si peu de temps. Il faut dire que les pigments de ces pelures sont devenus une matière première de qualité pour de nombreuses industries.

D’ailleurs, vos pots de tri sont presque pleins, il va falloir penser à les déposer à un point de collecte. Ça tombe bien, vous en avez un juste en face de votre travail, le temps d’y faire un saut avant de commencer la journée.

Une fois sur place, vous donnez votre butin au jeune qui tient la caisse. Deux sachets de pelures de fruits et légumes. Hop, on les pèse rapidement et on vous achète à prix comptant vos déchets alimentaires.

Ils reviendront bientôt chez vous métamorphosés, composant vos tee-shirts ou votre vernis à ongle. Ou peut-être bien qu’ils serviront comme encre dans votre imprimante. D'ailleurs il faut que vous achetiez une nouvelle cartouche.

Ce n’est pas tout mais l’heure tourne, et vous avez une réunion importante dans une petite heure. Si vous voulez avoir le temps de prendre un café et de faire un point avec Camille, il faut y aller.

Analyse de la fiction

Le futur de l'upcycling alimentaire

Demain, chaque foyer devra s’impliquer davantage dans la décomposition ou le recyclage de ses déchets. Finies les énormes poubelles de tri, on ne pourra plus se dire que l’état assurera la suite.

La notion de gestion de nos déchets aura radicalement changé. Le fait d’être responsable de nos propres déchets aura un impact direct sur le volume et la nature de nos achats : Que ferai-je avec tout ce plastique ? Cette matière est-elle dégradable ou non ? Ce produit est-il facilement réparable ?

Concernant nos déchets organiques, on ne se contentera plus de les verser au compost. Il y a de nombreuses ressources que l’on pourra utiliser, et on devra les traiter de façon à les revaloriser.

Un grand nombre d’industries devront s’approvisionner autrement, puisque les invendus alimentaires seront de plus en plus rares. Adieu les bananes invendues car trop tachées, ou les pommes pas assez rondes, etc.

L’industrie de la cosmétique par exemple se sourcera davantage en upcycling plutôt que directement chez les producteurs. Le champ des possibles est immense.

Les avantages :

  • Des aliments qui vivent une deuxième vie bien méritée.
  • Moins d’ingrédients chimiques dans nos produits.
  • Un approvisionnement industriel plus responsable.
  • Une production agricole mieux utilisée.

Aujourd'hui

Un tour d’horizon pas très brillant

Ces dernières années, on a assisté à l’essor de la chimie et des produits dérivés qui se sont retrouvés dans la composition d’un nombre incalculable de produits : cosmétique, textile, etc. Ce sont des composants peu chers, faciles à fabriquer. Mais bien peu responsables, pour la santé comme pour la planète.

En parallèle, on peut déplorer un véritable gâchis de matière première dans le secteur alimentaire. C’est déjà un drame sur le plan de l’alimentation, et ça l’est tout autant sur le plan du recyclage et de la gestion des déchets.

En bref :

  • 10 millions de tonnes de gaspillage alimentaire par an : une perte énorme en matière première.
  • 143 000 substances chimiques sur le marché en Europe, avec quelques milliers classés comme toxiques. Sans aucune réglementation.
  • Un impact sur la santé qui n’est plus un secret, entre les perturbateurs endocriniens et la pollution engendrée.

Une évolution super encourageante

C’est pour cette raison qu’on cherche aujourd’hui à retourner vers le naturel. De nombreuses initiatives vont dans ce sens. On a parlé dans cette fiction des pigments, mais il y a tous les actifs naturels, les huiles essentielles, les macérats végétaux… Pour suivre cette nouvelle demande, des terres agricoles complètes sont utilisées à la production de matière première non alimentaire.

Hors avec le changement climatique, on se rend bien compte que l’agriculture et l’alimentation deviennent un enjeu et même une priorité. Et on ne peut se permettre de consacrer des terrains cultivables entiers à seule fin industrielle.

Et si une des solutions à ce partage des terres était de valoriser les déchets pour en faire une nouvelle matière première moins chère et plus accessible ?

Dans la cosmétique on découvre déjà une forte orientation vers l’upcycling des aliments : utiliser le marc de café, les noyaux d’abricots, les coques d’amande… Et même dans le domaine alimentaire l’upcycling existe bien plus qu’on ne l’imagine.

Avec une tendance consommateur vers le zéro-déchet ou du moins une évolution des mentalités sur la gestion des déchets, on peut permettre aux citoyens et aux industries de se retrouver sur un terrain commun, qui est le partage des matières premières.

Quelques exemples de marques et projets comme on rêverait d’en voir davantage !

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Pardi

Pardi est une marque de mascara rechargeable et réutilisable composé d’actifs upcyclés tels que du marc de café, de l’avoine et de la peau d’orange.

Upcircle

C'est une marque qui propose toute une gamme de produits qui utilisent de nombreux ingrédients recyclables et recyclés comme de la poudre de coquille d’argan, des graines de café, de l’huile d’agrumes, du cacao, du charbon…

Resurrection

Resurrection propose des biscuits apéros gourmands à base de résidus de céréales et de drêches de bières artisanales (le malt qui aurait été jeté). Une démarche locale et biologique.

Orijinal

Orijinal crée des vernis à ongles originaux qui utilisent les propriétés du fruit dont ils sont inspirés : la couleur et le principe actif. Chacun a donc une vertu différente !

Rubies in the Rubble

Cette marque alimentaire propose des condiments confectionnés avec des fruits et légumes qui auraient été jetés si elle n’était pas passée par là.

Ensème

Ensème propose des produits cosmétiques composés à 50% d’ingrédients upcyclés : mélasse, huile d’olive, paille de blé, noyaux ou pépins et écorce de bois.

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